«Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé.» (Luc 17,19)
Dominicales n° 471 - 14 octobre 2007 - 28ème dimanche du temps ordinaire (année C)
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«Relève-toi et va, ta foi t’a sauvé.» (Luc 17,19)

Les Samaritains étaient des Juifs… c’était les Juifs qui n’avaient pas été déportés à Babylone au 6ème siècle avant Jésus Christ !
Et quand les déportés étaient revenus un siècle plus tard, ils n’avaient pas réussi à s’entendre. Les Juifs méprisaient les Samaritains et ils occupaient leurs terres ! D’autre part, ils avaient voulu reconstruire les remparts de la ville, et les Samaritains
les avaient dénoncés à l’administration de l’empire perse, qui avait obligé les Juifs à tout démolir.

Dans ce contexte de mépris, de haine et de vengeance, on peut imaginer ce qui se passe dans la tête du lépreux samaritain, venant à la rencontre d’un Rabbi de pure race juive !
Il se dit : “A tous les coups, je vais me faire jeter comme un malpropre !”
Déjà, en tant que lépreux, il était rejeté de partout.
Quand il traversait un lieu habité, il devait crier : “Lépreux, lépreux !”… pour que les gens puissent s’écarter… Eventuellement, on lui jetait, de loin, un morceau de pain dans la poussière.
C’était la misère… Mais lui, en plus, il était Samaritain !
Et voilà qu’il est guéri ! Depuis le temps que tout le monde lui fait comprendre qu’il n’est rien, il se sent totalement indigne ! Et pourtant, Jésus, le Rabbi Juif l’a guéri !
Quand il réalise ce qui lui arrive, il revient en courant, et il se jette aux pieds de Jésus.

Quand on entend cette histoire, on se dit que son comportement est normal… et on partage l’étonnement de Jésus… on a envie de dire : «Où sont les autres ?»

Comment des gens qui ont prié avec une telle ferveur… et qui ont été exaucés… peuvent-ils oublier de remercier ?
Ils se sont peut-être dit qu’après tout, cette guérison était normale… et que c’est plutôt leur maladie qui était anormale !
Ils se sont peut-être demandés : “En fait, est-ce que c’était vraiment un miracle ? Au fond, est-ce que j’étais vraiment si malade ?”
Ce sont des monstres… mais on se met facilement à leur place !

On peut également considérer que notre cas est différent : nous n’avons jamais été lépreux, indignes et rejetés par la société, et Dieu ne nous a pas guéris… On a donc moins de raisons de remercier !
Mais ce raisonnement-là est très mauvais !
Ce n’est pas celui de Marie. Elle dit : «Le Tout Puissant a fait pour moi des merveilles… il s’est penché sur son humble servante.»
Personne n’a été, comme elle, privilégié et comblé de grâce, et pourtant sa prière ressemble à celle du Samaritain.
Les dix lépreux avaient eu assez de foi pour demander… et dans notre entourage, beaucoup de gens ont assez de foi pour demander… cette foi là n’est pas très rare !
Marie avait la foi pour remercier et s’émerveiller… comme le Samaritain qui revient se jeter aux pieds de Jésus !
Cette foi là est plus rare : «Relève-toi et va, lui dit Jésus, ta foi t’a sauvé.» Cette foi-là, c’est la foi qui sauve !

Aujourd’hui, c’est l’Eucharistie qui nous rassemble… Eucharistie est un mot qui veut dire : “action de grâces”.
Si nous sommes dans cette Eglise, c’est que nous pensons que le Créateur de toute chose et le Sauveur du monde, ce Dieu plein de tendresse, vaut bien une démarche !
Si c’est ce qui nous amène, alors nous ne sommes peut-être pas tout à fait des monstres !
Mais cet Evangile nous invite à faire beaucoup plus… en ayant, comme le Samaritain et comme Marie un cœur qui s’émerveille et crie la gloire de Dieu. C’est ce que notre Père attend de ses enfants. Il veut que la louange et l’adoration deviennent notre prière
quotidienne.

JCP