On peut se demander s’il y a des points communs entre l’Évangile de saint Jean et le passage du livre de l’Apocalypse qui précède.
Le style de l’Apocalypse est fait d’images et de symboles. Le Christ ressuscité manifeste sa gloire dans une sorte de mise en scène qui rappelle les manifestations de Yahvé dans l’Ancien Testament : « Je vis sept chandeliers d’or, et au milieu comme un fils
d’homme … Quand je le vis, je tombai comme mort à ses pieds … Il dit : je suis le Vivant, j’étais mort et me voici vivant pour les siècles des siècles. » (Ap. 1,12-18)
On trouve plusieurs fois dans l’Ancien Testament cette idée qu’on ne peut voir Dieu sans mourir. Si l’Apocalypse reprend ce thème, c’est pour nous dire que la gloire du ressuscité est une gloire divine.
Cette vision de l’Apocalypse contraste avec la sobriété de l’Évangile : « C’était le soir du premier jour de la semaine … Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. » (Jn 20,19) Et pourtant, ces deux récits ne sont pas si différents : tous deux affirment la
réalité de la Résurrection.
Il est vrai que l’Apocalypse de Jean emploie un langage codé. Ce livre s’adresse aux chrétiens des années 60 de notre ère persécutés par Néron.
Néron est qualifié de « bête », et l’administration romaine de « grande prostituée » ; il valait mieux dire ce genre de chose à demi-mots ; mais, à l’époque, les lecteurs comprenaient.
Le but de ce livre est de rassurer les chrétiens éprouvés dans leur foi. De même que le Christ est mort et ressuscité, ceux qui sont persécutés pour leur foi en lui, sont appelés à partager sa gloire.
Tout cela est dit d’une façon imagée, mais sur le fond, il n’y a rien qui ne soit déjà dans l’Évangile : Jésus avait dit qu’on ne peut être son disciple si l’on refuse de porter sa croix et de marcher à sa suite.
En fait, il n’y a rien dans le livre de l’Apocalypse qui ne soit aussi dans l’Évangile ou dans les lettres de saint Paul. Seul le langage est différent. Les textes de ce dimanche en sont un bon exemple.
Jésus dit : « Sois sans crainte. Je suis le Premier et le Dernier. » (Ap. 1,17)
Cette phrase provient du livre d’Isaïe où elle désigne la toute-puissance et l’éternité de Yahvé : « Ainsi parle Yahvé, écrit Isaïe, Je suis le premier et le dernier, et en dehors de moi il n’y a pas de Dieu. » (Is. 44,6)
Tous les Juifs comprenaient qu’en reprenant ces paroles d’Isaïe, Jean voulait affirmer la divinité du Christ.
Dans un langage plus proche du nôtre, on trouve dans l’Évangile la même profession de foi. Thomas dit à Jésus : « Mon Seigneur et mon Dieu. »
C’est l’une des affirmations les plus explicites de la divinité du Christ !
Dans l’Apocalypse, Jésus dit : « Je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. » (Ap. 1,18) Dans le langage biblique, celui qui détient les clefs, c’est celui qui a tout pouvoir, que ce soit un roi ou son premier ministre.
Jésus ressuscité, lui, détient les clés de la mort et du séjour des morts.
Il a donc tout pouvoir pour pardonner les péchés et nous donner le salut. Il détient un pouvoir qui est proprement divin.
Dans l’Évangile, le Christ ressuscité manifeste le même pouvoir divin : il a le pouvoir de remettre les péchés et il le confie aux Apôtres : « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis. Tout homme à qui vous
maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. » (Jn 20,23)
Ces paroles de consolation du Fils de Dieu mort et ressuscité s’adressent à ses disciples de tous les temps : « Sois sans crainte. Je suis le Premier et le Dernier. Je suis le Vivant : j’étais mort et me voici vivant pour les siècles des siècles. Je détiens
les clés de la mort et du séjour des morts. »
JCP
« Je suis le Premier et le Dernier. » (Ap. 1,17)
Dominicales n° 691 - 7 avril 2013 - 2e dimanche de Pâques (Année C)
« Je suis le Premier et le Dernier. » (Ap. 1,17)