Ce qu’habituellement on appelle la sécurité, c’est d’abord un domicile fixe, des revenus réguliers, et si possible une bonne santé. Mais ce n’est pas le genre de sécurité que Jésus de Nazareth a recherchée, et ce n’est pas celle qu’il promet à ses disciples :
« Les renards ont des terriers et les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête. »
La paix que Jésus promet à ses disciples est très différente de ce qu’on appelle généralement la sécurité : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. » (Jn 14,27)
La paix ou sécurité dont nous rêvons consiste à être sûr de l’avenir, et, si possible, à ne dépendre de personne. Mais ce rêve est une illusion : il ne peut pas nous donner la paix, il ne peut conduire qu’à des déceptions. Notre seule certitude relativement à
notre avenir terrestre, c’est qu’il va se terminer par la mort. Le rêve de ne dépendre de personne est également une illusion : toute notre vie ou toute notre destinée est dans la main de Dieu ; il est le Créateur, à chaque instant il nous tient dans
l’existence.
Quant à la vie éternelle qu’il nous a promise, ce n’est pas un droit : elle dépend uniquement de son pardon et de sa tendresse. Ce n’est pas quelque chose qu’on détient ou qu’on possède, mais qu’on peut seulement recevoir : on le reçoit dans un acte de foi ou
de confiance totale qui s’en remet à la miséricorde du Seigneur.
Dieu ne nous refuse pas les biens terrestres, que ce soit un domicile ou des revenus, mais il nous demande de ne pas en faire notre priorité : « Votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses. Quant à vous, cherchez le règne de Dieu et sa
justice, et le reste vous sera donné parsurcroît. » (Mt 6,32-33). Chercher le règne de Dieu, c’est aussi un acte de foi et de confiance : c’est croire que la fidélité à l’Évangile est bonne pour nous ; c’est croire qu’elle ne peut jamais être un danger ou un
mal.
Le Seigneur nous demande de ne pas nous accrocher à nos sécurités : il nous demande de plonger, de nous en remettre à lui, parce qu’il est Dieu, parce qu’il nous tient dans l’existence par amour, parce que son bonheur est de nous pardonner, et son désir est de
faire de nous des fils pour la vie éternelle. Mais lâcher prise et plonger, cela ne va pas de soi : c’est un acte de foi. Celui qui n’a jamais fait cette expérience ne sait pas vraiment ce qu’est la foi ou la confiance.
« Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume. » (Luc 9,62). Cette parole nous invite à nous interroger sur notre vocation : « Quelle est ma vocation, c’est-à-dire mes charismes ? Quels sont les dons que j’ai reçus
de l’Esprit, et qu’il m’appelle à mettre en œuvre ? » Ma vocation, c’est le rôle que je suis appelé à jouer dans le monde et dans l’Église.
Cet appel de Dieu s’adresse à des êtres libres : il nous laisse la liberté de choisir un autre chemin, que ce soit le péché, qui est dans tous les cas un refus de la volonté de Dieu, ou les choix multiples qui, sans être des péchés, nous détournent
quotidiennement de notre vocation propre.
Avant de quitter cette communauté très chère de Viroflay, j’aimerais vous citer une parole qui a inspiré ces années passées au service de l’Église : « Vous n’avez qu’un seul Maître, le Christ. » (Mt 23,10). C’est une parole qui a donné un sens à ma vie et qui
m’a aidé à me rendre libre par rapport aux modes, aux partis ou aux idéologies.
Il existe beaucoup de maîtres à penser, que ce soit dans le domaine des sciences profanes ou celui de la théologie… mais les modes passent. Les théories scientifiques des siècles passés nous font souvent sourire et, s’il y a un progrès des sciences, il faut
supposer que certaines de nos théories actuelles feront sourire les hommes des siècles à venir.
Le message du Christ est le seul qui soit une vérité définitive.
JCP
« Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête. » (Luc 9,58)
Dominicales n° 702 - 30 juin 2013 - 13e dimanche du temps ordinaire (Année C)
« Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête. » (Luc 9,58)