“Si le sel ne sale plus, avec quoi va-t-on le saler ? Il n’est plus bon à rien : on le jette dehors, et les gens le piétinent.”
Jésus compare ses disciples à un produit alimentaire, mais pas n’importe lequel. Nous ne sommes pas des légumes, ni des fruits, ni du pain, mais du sel : ce qui donne du goût à tout le reste.
Nous les chrétiens, nous sommes le sel de la terre. Notre vocation, c’est de donner du goût aux choses : nous sommes ceux qui doivent aider les hommes à donner un sens à leur existence. Il faut que nos paroles, mais aussi notre vie soient une réponse aux
questions qu’ils se posent.
Autrement, nous dit Jésus, nous sommes du sel qui n’aurait plus de goût : une sorte de détritus, une chose totalement inutile et immangeable.
L’image est très parlante : du pain sans sel, c’est franchement mauvais, mais si on n’a rien d’autre, on le mange !
Mais imaginons du sel pas salé : même si on n’a rien d’autre, on le jette !
C’est tout le paradoxe d’une existence privilégiée. Nous avons une chance extraordinaire : de connaître le projet de Dieu qui nous appelle à la filiation divine, d’être nourris du Corps du Christ qui nous nous fait vivre dès maintenant de cette vie éternelle.
Mais si une telle grâce ne transforme pas notre vie d’une façon visible, notre cas est désespéré, nous sommes du sel insipide : une chose qui ne peut servir à rien !
Autre image : celle de l’éclairage à l’huile d’olive.
L’huile était un aliment, une chose précieuse : on réfléchissait avant d’allumer une lampe, et il ne serait venu à personne l’idée d’allumer une lampe pour la mettre sous un tonneau à grains ! Si on allume une lampe c’est pour qu’elle éclaire… c’est évident !
“De même, dit Jésus, votre lumière doit briller aux yeux des hommes : afin qu’ils voient ce que vous faites de bien et glorifient votre Père qui est dans les Cieux.” On ne cache pas sa foi.
Il ne s’agit pas de faire les choses uniquement pour être vu… mais de les faire parce qu’on a la foi, parce qu’on a l’espérance de la vie éternelle, et surtout de les faire par amour. D’ailleurs, le fait de montrer de sa foi est une façon d’aimer : c’est
montrer à nos frères le chemin de la vie éternelle. Évangéliser, c’est aimer.
Un croyant qui, sous prétexte de discrétion, choisit de faire le mort, on peut considérer que, comme chrétien, il est vraiment mort : il est comme du sel insipide, ou une lumière sous un couvercle.
Il ne s’agit pas de faire les choses uniquement pour être vu. Celui qui ne fait rien ni pour se montrer ni pour se cacher, mais qui fait les chose parce qu’il a la foi, et qui les fait par amour, devient ce qu’on appelle un témoin : quelqu’un qui rend visible
l’Église du Christ. C’est la grâce de la Confirmation : rendre visible l’Église du Christ. Il est le sel de la terre et la lumière du monde.
JCP
“Vous êtes le sel de la terre.” (Mt 5,13)
Dominicales n° 604 - 6 février 2011 - 4e dimanche du temps ordinaire (Année A)
“Vous êtes le sel de la terre.” (Mt 5,13)