Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du mal
Dominicales n° 537 - 24 mai 2009 - 7e dimanche de Pâques (année B)
">
Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du mal

Saint Jean n’imagine pas un instant que les chrétiens puissent imposer d’une façon quelconque le message ou la morale de l’Évangile.
Le monde romain était un monde païen où les chrétiens étaient sans pouvoir : ils n’étaient pas de ce monde-là, mais ils étaient dedans.
Ils ne cherchaient ni à dominer, ni à se mettre à part : “Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais.”
Qu’ils soient capables, tout en étant dans ce monde-là, de se garder du péché… qu’ils aient un certain nombre de principes, de droiture dans les affaires, de fidélité conjugale, de respect des faibles. En faisant cela, ils risquent de se singulariser, mais
cela ne doit pas leur faire peur.
À tous les niveaux de la vie politique, de la vie associative, ou de la vie professionnelle, il y a des chrétiens véritables, qui refusent la corruption, et ils ne passent pas inaperçus. Ils se font repérer, et pas nécessairement apprécier. Il arrive qu’ils
soient plus ou moins rejetés : considérés comme étrangers à un certain monde où la corruption est la loi.
La corruption dans le monde politique, dans le monde des affaires, tout le monde la condamne plus ou moins. Il y a aussi des domaines où les chrétiens se singularisent par rapport à une majorité de la société : par exemple l’avortement. On ne tue pas un
enfant, même si cela doit nous faciliter la vie.
Prenez aussi le sujet dont tout le monde parle, à propos du Sida. Ceux qui ont des relations en dehors du mariage ont-ils le devoir d’utiliser des préservatifs ?
On peut considérer que c’est un devoir : ils font déjà un péché contre la pureté… ce n’est pas une raison, en plus, pour contaminer les autres !
C’est un devoir, mais ce n’est pas une solution totalement satisfaisante : ce n’est pas une solution chrétienne, parce que les relations en dehors du mariage, sont, de toute façon, une faute grave !
Le problème, c’est que si vous osez dire ça, vous faites hurler pas mal de monde ! Et il y a là quelque chose d’injuste. Pourquoi les chrétiens n’auraient pas le droit d’avoir d’autres principes que ceux du monde ?
Pourquoi ne seraient-ils pas libres d’avoir une autre conception de l’amour et du mariage, une autre morale que celle de ce monde à la dérive qu’on nous montre à la télévision à longueur d’émissions ?
Alors, si on doit faire hurler, cela ne doit pas nous impressionner.
Nous n’empêchons pas les autres de vivre la vie qu’ils veulent, si amorale soit-elle, et eux ne peuvent nous empêcher d’avoir un autre idéal.
Cet idéal, en tout cas, ne fait de tort à personne.
Ce que Jésus nous demande, c’est de n’être ni un provocateur, qui prend plaisir à se faire rejeter… ni de chercher à plaire au monde : à s’aplatir à chaque fois qu’il y a un risque ou une difficulté.
En tout cas, il nous demande de ne pas être surpris si l’Évangile déplaît : “Je leur ai fait don de ta Parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde.”
Ce monde, il est évident que nous en faisons partie, mais nous ne devons pas être les esclaves de ce monde. On ne peut pas servir deux maîtres.
Dans la mesure où une partie de la société refuse la Parole de Dieu, il faut faire d’autres choix.
Il ne faut pas se mettre à part du monde : il faut aimer, servir, accueillir, pardonner, vivre dans la pureté et la droiture, et, en même temps, ne pas craindre de déplaire, si cet idéal doit déplaire.
“Je ne demande pas que tu les retires du monde, dit Jésus, mais que tu les gardes du mal.”
JCP