La fête du Christ-Roi nous rappelle que le mot “Christ” est la traduction en grec du mot hébreu “Messie” qui désigne “celui qui a reçu l’onction”, c’est-à-dire le roi. Ainsi, on imagine le contraste que ces mots évoquaient, dans l’esprit des premiers disciples
entre la royauté divine de Jésus et la totale simplicité de sa vie et de sa personne, accessible aux plus humbles. Ils voyaient en lui leur Messie ou leur Roi, mais un Roi surprenant.
D’ailleurs Pilate aussi est surpris. On lui avait dit que Jésus était reconnu comme le Messie par ses disciples, c’est-à-dire comme le roi attendu en Israël; mais lorsqu’il se retrouve face à Jésus, on devine son étonnement : “C’est toi … le roi des Juifs ?”
Jésus lui répond : “Ma royauté ne vient pas de ce monde.” Elle n’appartient pas au monde des hommes.
Sa royauté vient de Dieu, tout à fait comme la royauté qui est reçue par le “fils d’homme” du livre de Daniel qui reçoit de Dieu “domination, gloire et royauté … sur tous les peuples et sur toutes les nations. Sa domination est une domination éternelle, qui ne
passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite.” (Dan. 7,14)
Ce “fils d’homme” hérite d’un règne universel et éternel; autrement dit, il hérite du règne de Dieu. Ainsi, on comprend pourquoi Jésus se désigne lui-même comme le “fils de l’homme” : il veut faire comprendre que son règne est le règne de Dieu. C’est de cette
façon-là qu’il est Roi.
Chose étonnante : le règne de celui qui est Tout puissant est à l’opposé de toute contrainte. Jésus n’a pas imposé son règne, il l’a simplement proposé en étant témoin de la vérité : en étant témoin de la Parole de Dieu jusqu’à donner sa vie. Il dit à Pilate
“Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité.”
Son règne ne s’impose pas : il ne peut être accueilli que par un acte libre de celui qui aime la vérité. Mais pour celui qui l’accueille, son autorité dépasse celle de toute puissance terrestre : “Vous n’avez qu’un seul maître : le Christ.” (Mt 23,8)
Il arrive que les lois de l’État s’opposent à la loi du Christ… l’actualité nous en donne quelques exemples… mais si nous sommes ses disciples, c’est lui seul que nous reconnaissons comme notre Maître et notre Roi.
La réponse de Pilate est également très actuelle : Qu’est-ce que la vérité ?
Pilate est un occidental, un gréco-latin, et on voit que le monde occidental n’a pas attendu les temps modernes pour avoir des doutes !
La plupart de ceux qui ne croient pas en Dieu sont, en fait, des gens qui doutent, et non pas des gens qui auraient une réponse meilleure. Les grandes idéologies du début du siècle sont mortes, et si, l’athéisme s’est généralisé, ce n’est pas parce qu’il
apporte des réponses. C’est un athéisme qui refuse de se poser des questions, ou qui estime qu’il est impossible de donner des réponses aux grandes questions, sur le sens de la vie, sur Dieu, sur la vie éternelle.
Cette attitude était déjà celle de Pilate : « Qu’est-ce que la vérité ? »
Le Fils de Dieu n’est pas un roi distant. Il est plus grand que tous les puissants de ce monde. Les puissants de ce monde, c’est peu de chose. Ce Messie divin, ce souverain des rois de la terre, est un roi serviteur et accessible à chacun : “Si quelqu’un veut
être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur, et si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu non pas pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude.”
(Mt 20,26-28)
Voilà le message de ce roi surprenant, et voilà de quelle façon il nous propose de régner avec lui.
JCP
“Sa royauté ne sera pas détruite.” (Daniel 7,14)
Dominicales n° 674 - 25 novembre 2012 - Fête du Christ, Roi de l'univers (Année B)
“Sa royauté ne sera pas détruite.” (Daniel 7,14)