« Le Christ, avec un grand cri et des larmes, a prié Dieu et l’a supplié. »
Dominicales n° 649 - 25 mars 2012 - 5e dimanche de Carême (Année B)
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« Le Christ, avec un grand cri et des larmes, a prié Dieu et l’a supplié. »

La lettre aux Hébreux est l’œuvre d’un Juif converti à la foi chrétienne. Elle s’adresse à des prêtres juifs du temple de Jérusalem, également devenus chrétiens, mais troublés par la destruction du Temple et la disparition des sacrifices. Il leur rappelle que
le seul sacrifice qui sauve les hommes est celui du Christ… et que ce sacrifice n’a pas été simplement apparent.
C’est un aspect de la vie et de la personnalité du Christ auquel nous croyons, mais que nous avons tendance à laisser de côté.
Le Fils de Dieu a été un homme véritable, et cet homme-là a vraiment eu peur de la souffrance et peur de la mort : « Le Christ a présenté … dans les larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et parce qu’il s’est soumis en
tout, il a été exaucé. » (Hébr. 5,7)
On s’étonne que Jésus ait pu connaître l’angoisse. On admet qu’il ait donné sa vie pour les autres, mais on imagine mal qu’il ait hésité et que cela ait été un combat intérieur.
Si on réfléchit un peu, on voit bien qu’une telle représentation des sentiments du Christ n’est pas acceptable.
Si Jésus avait donné sa vie sans inquiétude, cela n’aurait pas été un sacrifice. Le chemin de la croix aurait été une sorte de spectacle donné aux hommes. Cela n’aurait pas été un don de soi.
Jésus était un homme ; et cet homme-là, « bien qu’il soit le Fils, a appris la soumission par les souffrances de sa Passion … et à ceux qui lui sont soumis, il donne le salut éternel. » (Hébr. 5,8-9)
Jésus a donné sa vie par amour… C’est le message de l’Évangile : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jn 15,13)
L’obéissance dont nous parle la lettre aux Hébreux ne veut pas dire qu’il s’est sacrifié malgré lui, contraint et forcé, cela veut dire qu’un tel sacrifice n’a pas été une chose naturelle et facile.
Jésus n’a pas fait semblant de souffrir : il a vraiment souffert, et il a vraiment connu l’angoisse.
Et c’est bien parce qu’un tel sacrifice a été un déchirement profond qu’il est un signe donné au monde.
Il a accepté, par amour un tel sacrifice de soi : c’est le signe qui nous fait le mieux comprendre, à la fois, la gravité du péché, et à quel point il nous a aimés.
Jésus ne s’est pas contenté de donner un message sur notre destinée : il a vécu notre destinée… et son message était la traduction de ce qu’il vivait.
Il y a aussi dans ce texte une invitation à marcher à la suite du Christ.
En étant totalement soumis à la volonté du Père, il a été le modèle de ce qui est notre vocation de disciples.
Marie également s’en est remise à la volonté de Dieu : « Que tout se fasse pour moi selon ta parole. » (Luc 1,38)
C’est aussi la prière que les disciples de Jésus ont reçue de lui, et qu’ils peuvent dire avec lui : « Notre Père … que ta volonté soit faite. »
JCP