La veuve de Sarepta (1R 17,10-16)
Dominicales n° 438 - 12 novembre 2006 - 32ème dimanche du temps ordinaire (année B)
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La veuve de Sarepta (1R 17,10-16)

Le prophète Elie arrive à Sarepta, au Sud Liban, entre Tyr et Sidon. Il avait quitté le royaume de Samarie après avoir annoncé une famine au roi Achab. En arrivant, il voit une veuve très pauvre. Rien n’était plus précaire que la situation d’une veuve pendant
une famine. En la voyant ramasser des brindilles, on devine sa misère.
Pourtant elle a quelque chose que le Prophète n’a pas : elle a une cruche !
Elie lui dit : «Avec ta cruche, puise un peu d’eau pour que je boive.»
Elle est probablement fatiguée, sur le point de mourir de faim, mais elle peut le faire… l’hospitalité est une chose sacrée… elle lui donne à boire.

Elie boit dans la cruche… il a très soif… cela prend du temps… elle attend. Entre deux gorgées, Elie lui dit : «Bon, maintenant, tu vas aussi m’apporter un morceau de pain.»
Elle voudrait bien… mais là, elle ne peut pas : «Je le jure par la vie du Seigneur ton Dieu (elle voit bien qu’Elie est un prophète), je n’ai pas de pain. Tout ce que j’ai, c’est une poignée de farine et un fond de bouteille d’huile. Tu vois, je ramasse deux
bouts de bois, je vais préparer ça pour mon fils et pour moi, et ensuite nous mourrons.»
Imaginons la réponse d’Elie : «Eh bien, tu vois, tu as ce qu’il faut !»… Elie ne doutait de rien… il lui explique : «Fais comme tu as dit… prépare ton feu… mais d’abord donne-moi un petit pain.»

Et elle l’a fait ! Elle a donné tout ce qu’elle avait ! Le Prophète Elie n’avait pas de maison… elle, elle avait une maison… elle a reçu Elie… elle a partagé sa farine et son huile… la poignée de farine est devenue inépuisable… et l’on n’arrivait plus à vider
le fond de la bouteille d’huile… il n’y en avait jamais beaucoup, mais il y en avait toujours.

Elie aurait pu s’arrêter chez quelqu’un ayant un peu plus de réserves.
Il est allé chez une femme qui ne savait pas ce qu’est le superflu.
Nous avons du mal à imaginer ce que peut signifier : partager le nécessaire, nous qui avons une existence tellement encombrée par le superflu.

C’est Yahvé qui avait envoyé son Prophète chez cette femme du pays de Sidon (Premier livre des Rois, 17,8-9)
Supposons qu’une étude ait été faite sur la situation du Moyen Orient à l’époque du roi Achab ! Personne n’aurait parlé de cette veuve qui vivait au bord de la mer, à Sarepta, avec son fils… c’étaient des personnages sans intérêt et sans importance !
Mais le regard de Dieu n’est pas celui des hommes : il demande à Elie de traverser la Samarie, de partir vers le Nord, dans un village perdu, chez cette femme totalement insignifiante au regard des hommes.
Pour Dieu, elle était importante… dans le plan de Dieu, elle avait une place unique !

De la même façon, dix siècles plus tard, le regard de Jésus, sera la révélation du regard de Dieu sur les hommes.
Ainsi, il y avait un aveugle à Jéricho… c’est lui qui était aveugle, mais ce sont les gens de Jéricho qui ne voyaient rien : ils ne le voyaient pas… comme s il avait été transparent !
Le regard de Jésus leur fait découvrir que cet aveugle existe… qu’il est important !
Dans le Temple de Jérusalem, les disciples ne voient pas l’offrande de la veuve… elle est insignifiante !
Jésus ne voit qu’elle… ce qu’il regarde, c’est la qualité du cœur.

JCP