On critique beaucoup l’incrédulité de Thomas : qui ne croit que ce qu’il voit et ce qu’il touche : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous … je ne croirai pas. »
En fait, aucun des Apôtres n’était prêt à croire à la Résurrection.
Il y a une idée à la mode, qui traîne dans un certain nombre de livres et de revues, selon laquelle ils auraient reconnu Jésus parce qu’ils l’ont regardé avec les “yeux de la foi”. On peut se demander d’où vient le succès de cette formule qui est sans
fondement dans l’Évangile. Jésus ne dit pas à Thomas : « Parce que tu as cru tu as vu », mais « Parce que tu as vu tu as cru. »
L’Évangile montre qu’ils avaient perdu la foi, et que c’est précisément à la suite des apparitions qu’ils croiront de nouveau.
Quand Jésus est mort sur la croix, une des morts les plus cruelles et les plus dégradantes, tous les Apôtres ont perdu la foi.
On peut se poser la question : de quelle nature était cette foi qu’ils avaient perdue, Jean, Thomas et les autres Apôtres, et qu’ils ont retrouvée en ces jours-là ?
Certains pensent avoir la foi parce qu’ils croient en un certain nombre de valeurs : l’amour, le respect de l’autre, la droiture… ce qui est bien !
Saint Jean écrit que : « L’amour de Dieu, c’est cela : garder ses commandements. » (I Jn 5,3)
La foi exige que l’on respecte ces valeurs : elle suppose que l’on observe chacun de ces commandements : on ne choisit pas, on les observe tous.
Et pourtant, la foi, ce n’est n’est pas seulement adhérer à des valeurs !
Bien des gens pensent qu’ils ont la foi parce qu’ils croient en Dieu, mais quand on leur demande s’ils croient en Jésus Christ, ils vous disent : « Non, plutôt en Dieu. » Ils sont déistes, ce qui est bien, mais ce n’est pas encore la foi. La foi c’est
accueillir toute la révélation. Ce n’est pas faire son choix parmi les vérités révélées. La foi suppose que l’on adhère à chacune des vérités du Credo.
Thomas, a vraiment la foi : il ne croit pas seulement que Dieu existe, il croit qu’il est entré dans notre histoire, il croit que, dans la personne de Jésus de Nazareth, une personne divine s’est rendue présente et accessible.
Parlant à Jésus, Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu. » Il croit en Jésus comme on croit en Dieu. C’est une des vérités de la foi qui occupe une place centrale dans le symbole de Nicée-Constantinople : « Il est Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai
Dieu, de même nature que le Père. ».
Saint Jean écrit : « Tout homme qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est vraiment né de Dieu. » (I Jn 5,1)
C’est pas simplement une foi dans des valeurs, ou dans des vérités, mais dans la personne du Christ, et dans les événements de sa vie : son incarnation, sa mort et sa résurrection, qui sont les événement par lesquels il nous a sauvés. Les vérités du Credo
portent sur les trois personnes divines et sur les événements de la vie du Christ.
Mais la foi des Apôtres ne consiste pas seulement à croire des vérités, c’est une foi qui s’en remet à la personne du Christ et à sa tendresse. Nul doute qu’ils ont observé tous les commandements, mais ils savent que cela ne leur donne pas un droit au pardon,
à la vie éternelle et à la la filiation divine, et ils s’en remettent à la tendresse du Christ. Observer les commandements est nécessaire au salut, mais cela ne suffit pas : « L’homme n’est pas justifié par la pratique de la loi, mais seulement par la foi en
Jésus Christ. » (Gal. 2,16). La foi qui sauve, ce n’est pas seulement la foi en des vérités, c’est la foi qui met sa confiance dans le Christ.
JCP
La foi qui sauve
Dominicales n° 652 - 15 avril 2012 - Deuxième dimanche de Pâques (Année B)
La foi qui sauve