« Celui qui m’a vu a vu le Père. » (Jn 14,6). Jésus est la révélation de Dieu : plus nous serons proches de lui, plus nous serons proches de Dieu. Mieux nous connaîtrons la personnalité de Jésus de Nazareth, mieux nous approcherons le mystère de Dieu. Plus
nous serons différents de lui, plus nous serons éloignés de Dieu. Plus il nous sera étranger, et moins nous serons capables de comprendre Dieu et de le rencontrer.
On interprète parfois la formule : « Celui qui m’a vu a vu le Père. » (Jn 14,9) comme si le Père et le Fils étaient une même personne : comme si Jésus était le Père en train de se manifester ! C’est une des plus vieilles hérésies de l’histoire de l’Église :
une des explications les plus grossières de la divinité du Christ… mais on la rencontre encore aujourd’hui.
Tout ce que dit l’Évangile à propos du Père et du Fils nous fait découvrir deux personnes distinctes, mais, en même temps, deux personnes qui ne peuvent pas être séparées. Le reproche que Jésus fait à Philippe, c’est de ne pas avoir compris cette unité : « Tu
ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi. » (Jn 14,10)
Le Père et le Fils sont unis par l’amour, et ils sont unis parce qu’ils partagent la même nature divine. Leur communion est parfaite. S’ils étaient une seule Personne, comment seraient-ils en communion ?
Ce message nous intéresse, parce qu’il est une parole de Jésus, mais aussi parce qu’il nous concerne directement. Ce n’est pas seulement une révélation sur Dieu, mais aussi sur notre destinée. Si le Fils de Dieu s’est fait homme, s’il a vécu parmi nous, s’il
s’est fait proche de nous, c’est pour nous introduire dans cette communion avec le Père.
Là, auprès de Dieu, chacun a sa demeure : personne n’est anonyme. Chacun de nous a sa place, comme dans une famille : chacun est important et il est aimé comme un enfant.
Jésus est le chemin qui nous fait entrer dans cette condition de fils : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie : personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6)
Il n’y a pas de Vie éternelle en dehors du Christ : en dehors de l’incorporation au Christ, qui est accomplie par l’Esprit Saint. Personne, qu’il ait été chrétien ou non, ne pourra entrer dans la Vie éternelle sans le Fils unique, et sans partager sa condition
de Fils de Dieu.
L’Évangile parle souvent de Vie éternelle : il en parle ici comme d’une demeure ou l’on sera chez soi, ou plutôt comme d’une multitude de demeures où chacun aura sa place, de sorte que chacun sera unique et que personne ne sera interchangeable.
« Je viendrai vous prendre avec moi, et là où je suis, vous serez vous aussi. » (Jn 14,3). Chacun aura sa place comme un enfant a sa place, parce que cette demeure est la maison du Père : « Dans la maison de mon Père, beaucoup trouveront leur place. »
(Jn 14,2)
Cette communion éternelle sera aussi le prolongement de nos Eucharisties : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi je demeure en lui. » (Jn 6,56). Chaque Eucharistie nous met en communion avec le Christ : avec lui et en lui, nous
devenons fils de Dieu. Dans la demeure qu’il nous destine, il nous donnera la plénitude de cette communion.
JCP
« Personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6)
Dominicales n° 617 - 22 mai 2011 - Cinquième dimanche de Pâques (Année A)
« Personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6)