“Le Temple dont il parlait, c’était son corps.” (Jn. 2, 21)
Dominicales n° 512 - 9 novembre 2008 - Dédicace de la basilique du Latran
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“Le Temple dont il parlait, c’était son corps.” (Jn. 2, 21)

Jésus, comme les docteurs juifs, aimait parler en énigmes.
Un message important ne devait pas être donné d’une façon banale, mais dans un langage qui donnait à réfléchir. Un langage énigmatique était une façon de montrer de la considération pour ses auditeurs : on devait les surprendre !
Dans cet Évangile, les docteurs de la Loi sont scandalisés du pouvoir et de l’autorité que Jésus s’arroge en chassant les marchands du Temple, et ils lui demandent un signe. Il leur répond : “Détruisez ce Temple, et en trois jours je le rebâtirai.” L’effet de
surprise est parfait !
Les docteurs de la Loi, qui ne maîtrisaient pas la situation, ne maîtrisent pas non plus le débat avec Jésus : parce que la scène se passe dans le Temple de Jérusalem, parce que leur désaccord porte sur le respect dû au Temple… et qu’il leur parle, dans sa
réponse, d’un “Temple” qui n’a plus rien à voir avec la question posée !
Déjà, lorsque Jésus avait douze ans, Marie avait été désorientée par une réponse du même genre. Elle disait à Jésus : “Ton père et moi nous te cherchions.” Elle parlait de Joseph… parce que, dans le langage quotidien d’une famille, quand on parle à un enfant
de son père adoptif, on dit simplement : “Ton père…”
Mais Jésus avait répondu : “Pourquoi me cherchiez-vous ailleurs que dans la maison de mon Père ?” Il avait repris le même mot, et on aurait pu penser qu’il parlait, comme à son habitude, de la même personne… mais, ce jour-là, sans prévenir, il avait donné au
mot : “Père” un tout autre sens… et Marie elle-même avait été surprise !
Ici également, les docteurs de la Loi sont désorientés par la réponse de Jésus ! Son langage énigmatique veut éveiller leurs esprits, et les mettre sur la voie d’une révélation nouvelle !
Dans l’Ancienne Alliance, le Temple de Jérusalem était le lieu de la présence et de la rencontre de Dieu. Mais ce Temple était appelé à disparaître… et désormais, le lieu de la présence de Dieu ne serait plus un Temple de pierre, mais la personne du Christ.
Dans l’ancien culte, seul le Grand Sacerdote, une fois par an, pénétrait en tremblant dans le Saint des Saints, qui était considéré comme le lieu par excellence de la rencontre de Yahvé.
Dans la Nouvelle Alliance, tout baptisé possède ce qui était un privilège sacerdotal : il peut faire la rencontre de Dieu… non pas dans le Temple de Jérusalem, mais dans la personne du Christ. C’est en ce sens que Jésus est le Temple nouveau… et que ses
disciples constituent un “peuple sacerdotal”. Le “sacerdoce des baptisés” ne doit pas être confondu avec le ministère des évêques et des prêtres… il consiste dans le pouvoir de faire la rencontre de Dieu. Ce qui était un privilège de l’ancien sacerdoce est
étendu à tous les disciples du Christ.
Ce langage énigmatique cache la révélation de la présence du Christ dans son Église. Le mystère du Nouveau Temple qu’il nous dévoile dans cet Évangile est au cœur de notre vie chrétienne. C’est le mystère du Règne de Dieu devenu proche de chacun de nous, dans
la personne de Jésus de Nazareth.
JCP
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