Par la foi et le Baptême, et donc par l’action de l’Esprit Saint, l’homme devient frère du Christ et fils adoptif du Père.
Cette nouvelle naissance ou cette nouvelle création est le mystère ou la révélation par excellence du Nouveau Testament.
On peut dire également que le Sacrement de l’Eucharistie constitue une nouvelle création. En prenant le pain, Jésus a dit « Ceci est mon corps. »
Il y a des points communs entre la création nouvelle du pain et celle de l’homme, la première étant la raison d’être de l’autre.
Mais, à côté de ces points communs, il y a aussi des différences considérables. L’homme devenu fils adoptif reste la même personne : il est transformé, il accède à une vie tout autre, mais ne devient pas une autre personne. Il devient une personne unie au
Christ.
Dans la création nouvelle du pain eucharistique, le pain ne devient pas fils adoptif, il devient la personne même du Fils de Dieu.
Le pain eucharistié devient un autre existant concret. Même si toutes les propriétés du pain continuent d’exister, ce qui était un simple pain devient un existant tout autre : il est désormais une personne, et une personne divine : il est l’unique personne du
Christ.
L’homme, sujet de la grâce, reste la même personne. Le pain n’est pas sujet d’une grâce, il est bien davantage : il est devenu l’unique personne du Christ. Comme existant concret, il est devenu tout autre. Il est le Christ pour tous ceux qui le reçoivent.
Dans ce Sacrement, chacun fait la rencontre de l’unique personne du Christ : le pain eucharistique les rassemble dans le Christ. Ce n’est pas un pique-nique où chacun mange le pain qu’il a apporté, mais une communion où tous reçoivent un unique pain de vie.
Le pain devient le corps ou la personne du Christ « livré pour nous ». Il a été livré sur la croix en tant qu’homme, et le sang qu’il a versé est son sang humain.
Il y a donc une autre différence entre la création nouvelle du pain et celle de l’homme. En effet, l’Eucharistie, c’est le Christ Dieu et homme… alors que dans la création nouvelle des élus, les hommes partagent la filiation divine du Christ, et non pas son
humanité. Les hommes ne deviennent pas le corps livré ni le sang versé du Christ. Le Verbe a partagé notre humanité, mais les hommes ne deviennent pas Jésus de Nazareth… alors que, dans l’Eucharistie, chacun fait la rencontre de Jésus de Nazareth.
L’Eucharistie est la personne totale du Christ, Dieu et homme.
Une dernière différence entre la création nouvelle du pain et celle de l’homme est que l’Eucharistie ne reste le corps du Christ que le temps d’être assimilée par notre corps.
Par contre, c’est pour la vie éternelle que cette nourriture nous unit à lui : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. » (Jn 6,60).
Une nourriture est normalement assimilée par celui qui la consomme : c’est également vrai dans l’Eucharistie dans la mesure où elle reste une nourriture terrestre… mais dans la mesure où elle est d’abord le corps du Christ, on peut dire que ce sont les hommes
qui sont assimilés à lui.
Si cette nourriture devient notre corps en étant assimilée par nous, c’est, avant tout pour que nous soyons chaque jour davantage un seul corps et un seul être avec le Christ.
JCP
La création nouvelle
Dominicales n° 698 - 2 juin 2013 - Fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ (Année C)
La création nouvelle