En quoi le commandement de Jésus est-il nouveau ?
Les chrétiens ont quelquefois l’impression que l’amour est la grande nouveauté de l’Évangile, par opposition à l’Ancien Testament qui était une religion de la Loi et des commandements.
C’est une vision tout à fait inexacte à plusieurs points de vue.
Le premier et le plus grand des commandements venait de l’Ancien Testament, et les Juifs religieux, aujourd’hui encore, le répètent plusieurs fois par jour : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur.” (Deut. 6,5)
Vous penserez peut-être que c’est l’amour du prochain qui est la nouveauté de l’Évangile !
Mais dans le livre du Lévitique, un des plus austères de l’Ancien Testament, au milieu de textes juridiques, vous trouverez cette perle : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” (Lév. 19,18)
On ne peut pas non plus opposer une religion de l’amour et une religion des commandements, parce que les deux sont indissociables, aussi bien dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau Testament.
Celui qui croit pouvoir aimer en se dispensant des commandements est dans l’illusion, parce qu’aimer, c’est, au strict minimum, observer les commandements.
Alors, où sont les différences ?
Déjà dans le fait que, pour Jésus, l’amour de Dieu et l’amour du prochain sont totalement indissociables : celui qui croirait aimer Dieu sans aimer ceux qui l’entourent serait, lui aussi, dans l’illusion.
Jésus nous dit : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.”
Aimer comme le Seigneur Jésus nous a aimés, c’est plus qu’aimer son prochain comme soi-même : c’est l’aimer plus que soi-même, l’aimer jusqu’à donner sa vie.
La plupart d’entre nous ont fait cette expérience : en ce sens que des parents normaux seraient prêts à tout sacrifier pour leur enfant, et bien des époux donneraient leur vie pour celui ou celle qu’ils aiment.
Mais les hommes de l’Ancien Testament avaient tendance à limiter le domaine de l’amour du prochain. Un docteur de la Loi demande à Jésus : “Mais qui donc est mon prochain ? ” (Luc 10,29)
Ce qui laisse entendre : “Mon prochain ce sont mes proches … les autres, je n’ai pas à les aimer … ils ne sont pas mes prochains !”
L’amour que le Fils de Dieu avait pour les hommes n’était pas limité à son entourage, et il n’était pas limité à ceux qui lui rendaient cet amour : il s’étendait jusqu’aux hommes les plus difficiles à aimer.
“Je ne suis pas venu pour des justes, mais pour des pécheurs.” (Mt 9,13)
Il nous dit également : “Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait, lui qui fait tomber la pluie sur les justes comme sur les pécheurs.” (Mt 5,48)
La pluie, en Palestine, c’est le don du ciel par excellence, et Dieu la donne à tous, qu’ils le méritent ou non.
C’est comme cela qu’il nous aime : il n’attend pas que nous ayons mérité son amour… parce qu’il risquerait de ne pas aimer grand monde !
Il nous aime parce que nous avons besoin d’être aimés et d’être pardonnés.
C’est cela être parfait comme le Père céleste : c’est aimer comme lui, d’un amour qui donne gratuitement, d’un amour qui prend l’initiative et qui ne se limite pas à ceux qui méritent d’être aimés.
C’est aussi comme cela que le Fils unique de Dieu nous a aimés : il n’a pas donné sa vie uniquement pour ceux qui méritaient d’être aimés !
Et là, on peut se dire : “Heureusement pour moi !”
JCP
Le commandement nouveau
Dominicales n° 574 - 2 mai 2010 - 5edimanche de Pâques (Année C)
Le commandement nouveau