“Je suis la lumière du monde.”
Dominicales n° 611 - 3 avril 2011 - 4e dimanche de Carême (Année A)
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“Je suis la lumière du monde.”

Jésus nous dit pourquoi il est venu en ce monde : “pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et ceux qui voient deviennent aveugles” !
Si l’aveugle de naissance auquel Jean a consacré un si long passage de son Évangile est un personnage intéressant, ce n’est pas seulement parce que ses yeux se sont ouverts, mais aussi parce que son intelligence et son cœur se sont ouverts et qu’il a reconnu
Jésus comme la “lumière du monde”.
Les paroles de Jésus ne sont jamais gratuites : chacune comporte un message et fait appel à la foi… et l’on peut dire la même chose de beaucoup de ses actions : ses miracles ont toujours un sens, ils comportent une révélation. C’est pour cette raison que saint
Jean n’emploie pas le terme de “miracle” : il les appelle des “signes”.
À un premier niveau ce miracle est la guérison d’un aveugle : il était dans le noir et il voit la lumière… mais en même temps, cette guérison est un signe pour lui : il découvre que l’homme qui lui a ouvert les yeux est “lumière” !
Les miracles de l’Évangile ont toujours un rapport avec la foi : ils supposent, au départ, un acte de foi… ils sont une réponse à la foi… et ils aboutissent généralement à une conversion.
Il est vrai que cet aveugle ne demandait rien : il ne savait rien de Jésus, mais pour lui donner l’occasion et lui laisser le temps de faire un acte de foi, Jésus lui dit : “Va te laver à la piscine de Siloé.”
Pour aller du Temple à la piscine de Siloé, il fallait traverser tout Jérusalem : pour un aveugle ce n’était pas simple !
Il avait trouvé un bon emplacement à l’entrée du Temple pour mendier. S’il avait été sceptique, il se serait dit : “Qui est cet illuminé qui veut me faire traverser la ville… la piscine de Siloé, je connais : elle n’a jamais guéri un aveugle !” Mais il n’est
pas sceptique : il y va, et ses yeux s’ouvrent… et saint Jean nous montre comment son intelligence et son cœur s’ouvrent également !
Il n’est pas très instruit, mais, de toute son intelligence, il cherche la lumière et la vérité.
En face de lui, les pharisiens sont des gens qui savent ! Ils ne cherchent pas : puisqu’ils possèdent la vérité. Et ils ont très peur de ce qui pourrait déranger leurs certitudes.
Ce sont des intellectuels qui savent manipuler les idées : ils n’utilisent pas leur intelligence pour chercher la vérité, mais pour justifier leurs préjugés et construire un système de défense contre la vérité.
La recherche de la vérité ne demande pas seulement de l’intelligence, mais aussi des qualités humaines de cœur et de courage. Il faut être prêt à se laisser remettre en cause par la vérité.
Aimer avoir raison et aimer la vérité, sont des choses totalement différentes !
Dans les domaines qui touchent au sens de notre existence, à nos comportements, à notre destinée : à toutes ces vérités qui ne sont pas simplement théoriques, mais qui nous mettent en cause personnellement, nous avons toutes sortes de raisons pour refuser la
lumière.
Ce que Jésus nous demande c’est, comme l’aveugle, d’avoir soif de la lumière, et, à la différence des pharisiens, d’accepter les remises en cause qui en découlent. C’est le point de départ de toute conversion.
JCP