La conversion et l’indulgence
Dominicales n° 646 - 4 mars 2012 - 2e dimanche de Carême (Année B)
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La conversion et l’indulgence

On sait qu’il faut distinguer le pardon et l’indulgence de Dieu. On sait aussi que la grâce de l’indulgence, qui est la purification des blessures du péché, suppose une conversion profonde : une conversion du cœur et une charité intense.
Tout au long de l’Évangile, Jésus ne cesse de nous appeler à la conversion : “Convertissez-vous car le règne de Dieu est proche.”
Les deux mots français : “conversion” et “pénitence” sont d’ailleurs équivalents dans l’Évangile ; ils traduisent le mot grec “métanoia”.
Certains articles sur l’indulgence donnent parfois l’impression qu’il s’agit d’une invention du Moyen Âge. Il est vrai que le mot a reçu au Moyen Âge le sens que nous lui connaissons, mais la réalité qu’il exprime fait partie de la foi de l’Église depuis
l’origine. On le voit en particulier dans la pratique du Sacrement de Réconciliation, qui a été, pendant des siècles, indissociable de ce que nous appelons l’indulgence ou la guérison des séquelles du péché.
Les premiers chrétiens ne recevaient ce Sacrement que pour les péchés graves. Ils confessaient leur péché à un évêque ou à un prêtre, mais ils devaient attendre plusieurs années avant de recevoir l’absolution.
Il existait, pour chaque péché, des tarifs plus ou moins officiels.
Saint Basile de Césarée, en 375, donne les tarifs suivants : “Celui qui a commis un adultère sera pendant 15 ans exclu de la participation aux sacrements”… le meurtre exclut de l’Eucharistie pendant 20 ans… l’avortement pendant 10 ans… le parjure pendant
10 ans… le vol pendant un an, etc.
La confession des péchés était donc suivie d’une longue période de conversion ou de pénitence.
En fait, on ne donnait l’absolution ou le pardon que si on estimait le pécheur en état de recevoir, à la fois, le pardon et ce que nous appelons « l’indulgence » de ses péchés.
Ensuite, il est apparu progressivement que le Sacrement consistait dans le pardon, et non pas dans les actes de pénitence, et l’on a pris l’habitude de donner l’absolution immédiatement après la confession des péchés.
En distinguant le pardon et l’indulgence, l’Église a été amenée à mieux définir la nature de l’un et de l’autre. Mais cette distinction ne voulait pas dire que la conversion ou la pénitence était inutile !
Elle a précisé, au contraire que, pour être totalement libéré du péché, une véritable conversion du cœur était nécessaire… afin de redresser ce qu’il avait tordu, reconstruire ce qu’il avait détruit, ou guérir ce qu’il avait blessé en nous.
C’est ainsi que l’Église a été amenée à définir la nature exacte de « l’indulgence » et à donner à ce terme son sens actuel. De même qu’aucun péché n’est irrémissible, aucune blessure n’est inguérissable… et de même qu’il faut regretter le péché, il faut avoir
la volonté de soigner les blessures qu’il a causées en nous.
Outre la contrition ou le regret du péché, une telle guérison intérieure suppose une conversion profonde animée par la charité.
Il faut supposer que le Sacrement du Pardon, s’il est associé à un “amour intense” (I Pet. 4,8), nous donne, à la fois, le Pardon et l’indulgence de nos péchés.
JCP