« Une veuve déposa quelques centimes. » (Marc 12,42)
Dominicales n° 672 - 11 novembre 2012 - 32e dimanche du temps ordinaire (Année B)
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« Une veuve déposa quelques centimes. » (Marc 12,42)

Jésus est dans le Temple de Jérusalem devant la salle du trésor, là où les visiteurs venus du monde entier font des offrandes à Yahvé. Ses disciples, qui sont des provinciaux, sont éblouis. Des Juifs venus en pèlerinage remettent des sommes qui les laissent
pantois. Les disciples ne sont pas des misérables : ce sont des artisans pêcheurs, ils ont des petites entreprises, ils savent compter… mais quand ils voient les sommes que mettent les Juifs qui ont réussi dans les affaires, venus de tous les coins de l’empire
romain, ils les regardent arriver… ils comptent l’argent… ils les regardent repartir… ils n’en reviennent pas !
Et Jésus qui les surveille depuis un moment, leur dit : « Vous avez vu la veuve ? »
Tout le monde tombe des nues : personne ne l’a vue !
Et pourtant elle est là, sous leur nez.
En regardant bien, il finissent par la voir.
« Vous avez vu ce qu’elle a mis dans le trésor, dit Jésus : elle a mis plus que tout le monde. »
À ce moment, on peut supposer qu’ils regardent Jésus d’un drôle d’air.
Ils se disent : « Où veut-il encore en venir ? »
Ils savent qu’avec Jésus, il faut s’attendre à tout !
Pour eux, jusque là, la veuve était insignifiante : elle était transparente et inexistante.
Eux, ils voyaient ce qui éblouit, et comme chacun sait, quand on est ébloui, il y a des tas de choses qu’on ne voit plus.
Ce que Jésus regarde, c’est la qualité du cœur.
Cet Évangile veut nous apprendre à partager, mais aussi à regarder.
La veuve de l’Évangile, comme celle de Sarepta au temps du prophète Élie, sont des femmes qui partagent… non pas leur superflu, parce qu’elles n’ont pas de superflu.
Cela ne veut pas dire que Jésus condamne ceux qui donnent de leur superflu : ce qu’ils font est bien. Il y a des tas de gens qui ont du superflu et qui ne le partagent pas.
La loi française fait une déduction fiscale de 66 % sur les dons à concurrence de 20 % des revenus. Le moins qu’on puisse faire, en particulier quand on est retraité, c’est de faire des dons correspondant au moins à ces 20 %. Les missions chrétiennes dans le
monde en ont besoin.
Dans cet Évangile, Jésus parle des pauvres, mais pas seulement pour nous apprendre à partager avec eux.
Ce qu’il nous fait également découvrir, ce sont des pauvres qui partagent ; il nous invite à les voir : à ouvrir nos yeux.
Il veut nous apprendre à partager, et pour cela, il veut d’abord nous apprendre à regarder.
Il nous arrive de côtoyer des gens pendant des années sans trop faire attention à eux : ils font partie du paysage… et un jour on se dit : « Au fait, il (ou elle) est toujours disponible, plein de zèle au service de l’Évangile, modeste, généreux, attentif à
ceux qui ont besoin d’être aimés. Après tout c’est peut-être un saint ou une sainte ! »
On vient de fêter tous les saints. Il serait bien d’ouvrir les yeux sur ceux qui nous côtoient tous les jours et de les reconnaître avant leur mort.
Et on verra que ces gens-là ont un point commun avec Jésus : ils savent regarder, ils ont ce regard qui ne méprise personne, un regard qui ne s’intéresse pas à l’extérieur, mais aux qualités du cœur.
JCP