« Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous. » (I Jn 4,12)
Dominicales n° 656 - 20 mai 2012 - 7e dimanche de Pâques (Année B)
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« Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous. » (I Jn 4,12)

La liturgie nous propose deux textes de l’Apôtre saint Jean : de sa première lettre et de son Évangile.
Les Pères de l’Église lui ont donné le nom de Jean le théologien. Pourquoi ce nom de théologien ? Sans doute parce qu’il concilie avec limpidité des sujets que d’autres considèrent comme des paradoxes insurmontables. Il allie une extrême profondeur et une
extrême simplicité.
Il est le théologien de l’amour, mais il n’oppose jamais l’amour aux autres aspects de la morale de l’Évangile ou de ses commandements.
Certains voudraient que l’amour les dispense du reste de la morale. Une telle conception n’est pas celle de l’Évangile. Jean écrit : « Voici ce qu’est l’amour de Dieu : que nous gardions ses commandements. » (I Jn 5,3)
Il y a une mauvaise façon d’aller à l’essentiel, qui consiste à se dispenser de ce qu’on juge secondaire. Saint Jean va toujours à l’essentiel, et cependant il ne néglige rien. L’amour est le grand commandement, mais pas le seul. En fait, chaque commandement
est important parce qu’il est une des dimensions de l’amour.
Et cet amour est lui-même la condition d’une réalité qui dépasse tout le reste, qui est la vie de Dieu en nous : « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous. »
L’amour véritable est fidèle en tout, même quand cette fidélité devient héroïque, et cet amour fidèle est, lui-même, le signe de la présence de Dieu en nous : « Celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. » (I Jn 4,16)
Ayant médité au long des années l’enseignement et la vie de Jésus, il a compris que l’amour pouvait entraîner des ruptures.
Nous ne sommes pas « du monde »… que veut-il dire par ces mots ?
Ce qu’il appelle « le monde » dans cette formule, ce n’est pas l’univers en général : en ce sens là, tout ce qui existe fait partie du monde, et Dieu plus que toute autre réalité.
Il s’agit évidemment d’une certaine mentalité dominante dans le monde : ce qui motive les hommes de ce monde, ce qui constitue leur raison de vivre et remplit leur existence.
Cette invitation à se démarquer du monde met mal à l’aise certains de nos contemporains, même chrétiens : ils préfèrent insister sur la nécessité d’être dans le monde, de partager ses problèmes et ses objectifs. Ils estiment qu’il ne faut pas fuir le monde ni
fermer les yeux.
Il est évident que Jésus n’a pas fui le monde : il est venu dans le monde… et pourtant il n’est pas de ce monde.
Nous-mêmes, nous sommes dans le monde, mais sans être esclave de la mentalité dominante : nous restons libres de préférer la Parole de Dieu et d’avoir un autre idéal et d’autres objectifs. « Ils ne sont pas du monde, dit Jésus, comme moi je ne suis pas du
monde. » (Jn 17,14)
Nous sommes « dans le monde  » pour être les témoins d’autre chose. Si des chrétiens ont peur de se désolidariser du monde, s’ils s’interdisent de condamner ce monde permissif, violent et impur, ils s’en font les complices, et ils donnent un contre-témoignage.
Il ne s’agit pas de fuir le monde : de démissionner au plan professionnel, de négliger nos études ou notre vie familiale. Dieu nous a donné des talents et nous devons faire fructifier chacun d’eux.
Si nous sommes fidèles à l’Évangile, il sera impossible de plaire à tous : il y aura nécessairement des moments où nous serons rejetés par le monde.
« Je leur ai fait don de ta Parole, dit Jésus, et le monde les a pris en haine parce qu’ils ne sont pas du monde. » (Jn 17,14)
On se gardera d’être un provocateur, puisque c’est l’amour qui résume toute la Loi de Dieu… mais sans craindre l’opposition.
On n’a pas le droit d’avoir peur du « monde », comme ceux qui préfèrent se taire et garder un profil bas pour ne pas faire de vagues.
Celui qui a la foi, ne devrait avoir peur de rien, et cela aussi constitue un témoignage.
JCP