La prière est une expérience.
Il est difficile de donner un enseignement sur la prière.
On peut seulement inviter chacun à faire cette expérience.
C’est l’expérience d’une rencontre : ce qui est bien le genre de chose sur laquelle il est impossible de tout dire à l’avance !
Imaginez qu’avant votre mariage, vous ayez demandé à quelqu’un de tout vous dire sur ce que serait votre vie d’époux et de parents et les diverses relations dont elle serait faite.
Les personnes sont trop inattendues pour qu’on puisse rien prévoir de pareil, et les personnes divines plus que toutes autres !
Le Curé d’Ars, paraît-il, avait demandé ce qu’il faisait à l’un de ses paroissiens qui passait beaucoup de temps devant le Saint Sacrement.
Il avait répondu : “Il m’avise et je l’avise”… ce qu’on pourrait traduire : “On est ensemble … on prend un temps de rencontre mutuelle.”
Jésus n’en dit pas plus dans l’Évangile de saint Matthieu : “Toi, quand tu veux prier, entre dans ta chambre la plus retirée, ferme ta porte et prie ton Père qui est là dans le secret.” (Mt 6,6)
On raconte qu’un Saint breton, qui était un grand mystique, mais qui était un homme simple, ne savait qu’une prière, le “Notre Père”, et qu’en fait il n’arrivait jamais à la dire en entier !
Il disait : “Notre Père …” et il ne pouvait pas aller plus loin, tant il était saisi et vivait intensément cette rencontre du Père.
Malgré tout, cette prière du “Notre Père” nous rappelle que Jésus n’a pas refusé d’apprendre à prier à ses disciples.
Jésus, nous dit saint Luc, “était un jour, quelque part, en prière. Quand il eut fini, un de ses disciples lui dit : Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples. Il leur dit : Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié …” (Luc 11,1-2)
Puisque nous sommes les disciples du même Maître, je vous proposerai simplement de relire avec vous cette Prière du Seigneur.
Notre Père … Jésus disait “Mon Père”.
Il nous apprend à dire “Notre Père”.
Nous ne sommes pas enfants de Dieu sans lui et sans les autres.
Dans une prière filiale, ils doivent être présents : lui, le Seigneur Jésus, puisque nous sommes enfants de Dieu avec lui et en lui, et tous ceux qui partagent avec nous cette filiation.
Mais vous avez aussi le droit de prier en disant “Mon Père”. D’ailleurs, l’Évangile de saint Luc dit simplement “Père …”
qui es aux Cieux … ce qu’on devrait traduire : “qui es Dieu”.
Un Juif ne prononçait pas le nom de Dieu. A la place, il lui arrivait de dire : “le Ciel” ou “les Cieux”. Ainsi, saint Matthieu, qui adresse son Évangile à des Juifs, parle toujours du “Royaume des Cieux”, alors que saint Luc, qui écrit pour des Grecs (ou des païens), retraduit cette formule en disant : “le royaume (ou le règne) de Dieu.”
Celui qui est aux Cieux, c’est donc le Créateur de l’univers, Celui qui est l’Origine, la Source ou le Principe de toute réalité, le Tout Puissant.
Jésus ne dit pas : “Dieu Tout Puissant, toi qui es notre Père”, mais, à l’inverse : “Notre Père, toi qui es Dieu”. Il est d’abord notre Père.
Quand il s’est révélé pour la première fois aux patriarches, il s’est manifesté comme un Dieu proche, les accompagnant personnellement d’un amour attentif : il était le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.
Les patriarches ne savaient pas encore que leur Dieu était unique, mais ils avaient compris que c’était leur Dieu, qui les connaissait et qui les aimait personnellement.
C’est seulement mille ans plus tard, à l’époque du Prophète Élie, que les Juifs comprendront que Celui qui était leur Dieu depuis l’origine était le Dieu unique, Créateur du ciel et de la terre.
Avec l’Évangile, la révélation du Dieu unique et éternel étant devenu un acquis, Jésus revient à la révélation initiale : au Dieu proche, aimant personnellement chacun de ses enfants.
Le Créateur de l’univers n’est pas un Dieu lointain et inquiétant, dont on ignorerait les intentions et les sentiments : il est notre Père.
Frères et sœurs, comme le saint breton, laissez-vous éblouir par l’immensité de celui qui est l’origine et la source de toute réalité… tout vient de lui : le Fils, le Saint Esprit et tout l’univers… il nous tient dans l’existence.
Entrez dans votre chambre, fermez votre porte, et laissez-vous toucher par sa tendresse.
JC.P.
Notre Père – I
168 - Cellules paroissiales d’évangélisation - Viroflay - 25 octobre 2010
Notre Père – I