Frères et sœurs, vous savez peut-être que les archéologues ont retourné toute la Palestine, et n’ont pas trouvé trace d’une conquête soudaine de la Terre Sainte par un peuple venu d’Egypte après avoir traversé le Sinaï.
L’histoire de Josué et de ses conquêtes relève d’une convention littéraire fréquente dans la Bible… qui consiste à rattacher, à un même personnage ou un même auteur, un ensemble d’événements ou un ensemble de textes.
Ainsi les Psaumes sont attribués à David, les différents livres de Sagesse sont attribués à Salomon, les lois sont attribuées à Moïse… alors que la rédaction de ces textes s’est étalée sur des siècles, jusqu’au “Livre de la Sagesse”, écrit moins de 100 ans avant Jésus, neuf siècles après Salomon.
Les Juifs cultivés auraient été étonnés de nous voir prendre à la lettre de telles attributions.
C’est une convention littéraire semblable qui attribue à Josué la conquête du pays. Ce qui n’a rien d’une tromperie, la Bible ayant conservé une multitude d’autres passages qui montrent que la “conquête” a quelquefois été pacifique, qu’elle a continué des siècles après Josué, et qu’elle n’a jamais atteint les dimensions indiquées dans le “Livre de Josué”.
Rien de tout cela ne doit nous troubler : ni la morale ni le credo ne sont remis en question, ni la relation que nous avons avec Dieu.
Dans un premier temps, l’archéologie qui explore le passé d’Israël et découvre l’histoire des peuples voisins, nous donne l’impression de remettre en question l’Ancien Testament. En fait, elle nous oblige à le lire avec plus de sérieux… et on s’aperçoit, généralement, qu’elle nous aide à mieux le comprendre : à comprendre ce que voulaient dire ceux qui l’ont écrit… et ce qu’étaient les conventions littéraires du monde de la Bible.
On sait maintenant que les premiers Israélites sont des semi-nomades qui vivaient depuis toujours sur les hauteurs de Palestine.
Chacune des 12 tribus avait un ancêtre éponyme (celui qui avait donné son nom à la tribu)… et quand ces tribus se sont peu à peu fédérées, elles ont supposé que ces ancêtres étaient les 12 descendants d’un même père, qui était appelé, selon les traditions, Jacob ou Israël.
De même que toutes les conquêtes étaient attribuées à Josué… la paternité de tout le peuple a été attribué à Jacob ou Israël.
Cette alliance des tribus pour former un seul peuple s’est accompagnée d’une Alliance avec Dieu, dont Moïse a été l’artisan, ou plutôt le médiateur ou l’instrument.
Les nomades se déplaçaient régulièrement entre le pays de Canaan et l’Egypte, et ils s’y réfugiaient dans les périodes de famine.
Même si le groupe venu d’Egypte avec Moïse ne représentait qu’une partie du peuple, il était porteur d’un message d’Alliance avec Yahvé, qui est devenu le fondement de la vie religieuse d’Israël.
La notion d’Alliance est capitale : elle révèle à la fois l’amour de Dieu et la responsabilité des hommes.
Elle signifie que Dieu se fait proche… il offre sa tendresse et son pardon, mais il ne peut les offrir qu’à des personnes : à des êtres libres et responsables, qui, de leur côté, sont fidèles à l’Alliance.
Dieu nous aime tels que nous sommes d’un amour intense. Il n’attend pas que nous soyons parfaits pour nous aimer : il nous aime maintenant d’un amour inconditionnel… c’est la raison pour laquelle il nous supplie de nous convertir. Saint Paul écrit aux Corinthiens : “C’est au nom du Christ que nous sommes en ambassade, et par nous, c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu.” (II.Cor. 5,20)
Dieu aime tous les hommes, même ceux qui ignorent son amour… mais il ne peut sauver et sanctifier que ceux qui accueillent le salut.
Même dans les Sacrements, Dieu ne peut agir que si l’homme accueille son pardon et les dons de l’Esprit qui le recréent pour être fils de Dieu.
Le concile de Trente dira que les Sacrements confèrent la grâce “à ceux qui n’y mettent pas d’obstacle.”
Et ce qui fait obstacle aux dons de Dieu, c’est le péché… c’est pourquoi Jésus a ces paroles qui reviennent comme un refrain : «Convertissez-vous, parce que le Règne de Dieu s’est fait proche.»
Dieu est proche… mais dans une alliance, il y a deux parties. Dieu sera fidèle à son alliance : il nous donnera le pardon et la vie éternelle.
Mais pour cela, il faut que l’homme aussi soit fidèle à l’alliance et observe les commandements transmis par Dieu à Moïse.
Ces commandements ne sont pas périmés. Quand le jeune homme riche demande à Jésus ce qu’il doit faire pour avoir la vie éternelle, la réponse est qu’il doit observer les commandements de Dieu :
“Voici qu’un homme s’approcha de lui et lui dit : «Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ?» Jésus lui dit : «Pourquoi me demandes-tu ce qui est bon ? Un seul Être est bon. Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements.» – «Lesquels ?» lui dit-il. Jésus répondit : «Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne voleras pas. Tu ne porteras pas de faux témoignage. Honore ton père et ta mère. Enfin : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» (Mt. 19,16-19)
Que le Seigneur vous bénisse. Que l’Esprit mette sa loi dans vos cœurs.
JCP