Frères et sœurs, puisque c’est le temps des voeux, j’aimerais reprendre à mon compte ce que Saint Paul écrivait aux chrétiens de Philippes :
“Je rends grâce à mon Dieu chaque fois que je pense à vous.
En chacune de mes prières pour vous tous, c’est avec joie que je prie, à cause de la part que vous prenez avec moi à l’évangile…
Et voici ma conviction : Celui qui a commencé en vous une œuvre si belle, en poursuivra l’accomplissement jusqu’au jour de Jésus Christ.
Il est naturel pour moi d’avoir ces dispositions envers vous tous, puisque je vous porte dans mon cœur…” (Ph 1,3-7)
Voilà ce que disait Saint Paul une trentaine d’années après la Résurrection. Ce qui veut dire que notre expérience de disciples du Christ n’est pas très différente de ce que vivaient les premières communautés chrétiennes.
Cette expérience est celle d’un chemin de conversion… ce qui ne va pas sans difficultés, de temps à autre… des difficultés qui ne sont pas les mêmes dans vos différentes cellules. Mais c’est aussi un chemin qui nous a fait progresser dans la prière… qui nous aide à être davantage serviteurs… c’est à dire à aimer et à être missionnaires.
Si j’ai envie de rendre grâces comme le faisait Saint Paul, c’est peut-être parce que j’ai le sentiment d’être pour peu de chose dans ce renouveau… mais d’avoir adopté, avec vous, une règle de vie qui nous aide à progresser dans la prière et le désir de communiquer le trésor de notre foi… une règle de vie profondément ecclésiale en ce sens que les progrès de chacun résultent de la prière et de l’accompagnement spirituel apporté par les autres membres de nos cellules d’église.
Il va de soi que ces progrès ne peuvent être que l’oeuvre de l’Esprit … mais l’Esprit Saint a été promis et donné par le Christ, à son église… pour qu’elle reste fidèle à la foi… (c’est pour cela que nous commentons le Symbole de la foi)… mais, avant tout, l’Esprit a été donné à la Communauté des disciples pour qu’elle progresse dans l’amour.
En nous disant : “Quand deux ou trois sont réunis à cause de moi, je suis là, au milieu d’eux”, le Seigneur Jésus nous révèle l’importance des cellules d’église, même les plus restreintes… elles sont des lieux privilégiés de sa présence… des lieux privilégiés pour le rencontrer.
Nous vivons également la rencontre du Christ dans la prière personnelle et dans l’adoration eucharistique… qui est un point important de notre règle de vie… mais l’amour fraternel qui est vécu dans les cellules est certainement un chemin privilégié pour nous faire progresser dans l’amour du Christ.
Ce que je vous souhaite, c’est de vivre de plus en plus intensément cet amour du Christ… de sorte que vous ayez le désir de transmettre à d’autres ce trésor.
Si c’est de cette façon, et avec cette motivation, que vous êtes missionnaires on peut vraiment partager la conviction de Saint Paul : “Voici ma conviction, dit-il,Celui qui a commencé en vous une œuvre si belle, en poursuivra l’accomplissement…”
C’est en ce sens que la mission est ce qui oriente toute notre règle de vie.
C’est aussi pourquoi un tel projet ne peut se fonder que sur la prière.
Sans la prière, nos cellules ne seront ni vraiment fraternelles… ni vraiment missionnaires.
Les temps d’adoration que nous prenons chaque semaine ne conduisent pas à une piété individualiste ni au repliement sur soi.
Vous vivez ces temps de prière comme des temps de ressourcement… ressourcement de l’esprit de service… et donc de l’amour fraternel et de la mission.
Une cellule qui prendrait des libertés avec ces temps de prière connaîtrait certainement des difficultés… aussi bien au plan de l’esprit missionnaire que dans les relations fraternelles à l’intérieur de la cellule.
Une cellule qui deviendrait un simple groupe d’amis, même si cette amitié est authentique, ne pourrait ni durer ni se développer.
A ce propos j’aimerais vous rappeler un des sujets abordés dans la formation initiale.
Le moment du “Partage” ne doit pas consister, avant tout, à nous raconter nous-mêmes… et moins encore à raconter des anecdotes, même très intéressantes… sinon, ne soyez pas étonnés de ne pas avoir assez de temps pour ce partage… mais il doit consister, de plus en plus, à dire ce que nous avons reçu de Dieu et ce que nous avons fait au service de la mission.
Il est normal, surtout lorsqu’on accueille un nouveau membre, de se présenter à lui et de lui laisser le temps de dire son histoire, ce qui peut prendre plusieurs rencontres… mais le responsable et les autres membres auront à coeur de revenir ensuite à ce qui est notre mission de confirmés.
Une cellule où chacun ne ferait que se raconter… et où la mission serait oubliée… deviendrait fragile, et elle risquerait de ne pas durer.
On peut considérer cela comme une tentation… on se fait plaisir à court terme… mais, à long terme, on ne voit plus l’intérêt de ces rencontres.
La meilleure façon de maîtriser le temps du partage… est d’en faire un partage centré sur l’évangélisation… un partage qui porte sur ce que nous avons fait au cours de la semaine pour témoigner de notre foi… mais également sur les occasions manquées… de sorte que l’échange puisse devenir une entraide à la fois spirituelle et missionnaire.
Tout ce qui concerne nos expériences missionnaires, même modestes, est important… le reste aussi est important… mais à condition de ne pas oublier l’annonce de l’évangile.
Que Dieu vous bénisse.
JCP