La messe (15) – La Préface et le Sanctus
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Chers membres des cellules,

 

Nous voici arrivés au seuil de la prière eucharistique qui contient l’action la plus importante de la messe : le sacrifice du Christ, le même offert jadis sur la croix et depuis, chaque jour, par les mains des prêtres. Avant d’arriver à ce sommet, il faut pénétrer dans le sanctuaire. Ce passage se fait par le dialogue avant la préface, puis la préface elle-même et enfin le Sanctus.

 

Soyons d’abord attentifs au dialogue qui introduit la préface. « Le Seigneur soit avec vous. – Et avec votre esprit. » Cet échange se trouve plusieurs fois dans la messe, dans chacune des quatre grandes parties dont nous avions parlé au tout début : au début juste après le signe de croix, avant la proclamation de l’évangile, ici avant la préface et enfin pour la bénédiction finale. Ces paroles dialoguées redisent la présence du Ressuscité au milieu de son peuple, comme le jour de Pâques au milieu de ses apôtres. L’assemblée reconnaît ici une nouvelle fois que ce prêtre, qui a reçu le sacrement de l’ordre, est celui par qui le Seigneur Jésus se manifeste et va maintenant agir.

 

« Elevons notre cœur. – Nous le tournons vers le Seigneur. » Ce sont nos cœurs qui sont convoqués, c’est-à-dire chacune de nos personnes à partir de ce qui est le plus intérieur, de ce sanctuaire que Dieu veut habiter, de ce centre avec lequel nous pouvons connaître vraiment le Seigneur et l’aimer. Il est clair que toute notre attention est requise pour ce qui va suivre.

 

« Rendons grâce au Seigneur notre Dieu. – Cela est juste et bon. » Ces paroles préparent le peuple de Dieu à entrer dans l’action de grâce du Christ. Son sacrifice fut une offrande douloureuse – qui en douterait ? – mais elle était aussi et même bien davantage une offrande mue par l’amour reconnaissant du Fils pour son Père. Dans le plus profond de son cœur, Jésus n’a pas vécu sa Passion amèrement mais il l’a joyeusement offerte pour la gloire de son Père et pour notre rédemption. Cette joie est celle de l’action de grâce qui habite éternellement le cœur du Fils. Nous y reviendrons certainement.

 

Vient ensuite la préface que le prêtre chante seul en donnant des mots à l’action de grâce de l’Eglise en lien avec le temps liturgique ou la fête vécus. Il est précieux de les écouter attentivement car elles expriment d’une manière concise et magnifiquement ciselée les grandes vérités de la foi. Chacun pourra s’en convaincre en les lisant attentivement dans son missel.

 

Celle de Pentecôte dit par exemple : « Pour accomplir jusqu’au bout le mystère de la Pâque, tu as répandu aujourd’hui l’Esprit Saint sur ceux dont tu as fait tes fils en les unissant à ton Fils unique. C’est ton Esprit qui a donné à tous les peuples, au commencement de l’Église, la connaissance du vrai Dieu, afin qu’ils confessent chacun dans sa langue une seule et même foi. »

 

A la fin de toutes les préfaces, l’Eglise de la terre s’unit à celle du ciel avec tous les anges et tous les saints qui louent sans cesse Dieu en le contemplant face à face (cf. Mt 18, 10). C’est alors le chant du Sanctus.

Ce chant est révélé dans la Bible et c’est le prophète Isaïe qui nous l’a fait connaître, suite à la vision qu’il reçut. « Je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé ; les pans de son manteau remplissaient le Temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. […] Ils se criaient l’un à l’autre : “Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire” » (Is 6, 1-3). Ainsi, comme pour le Gloria, l’Eglise de la terre s’unit à celle du ciel dans une louange unanime. Laissons-nous entraîner par l’exultation de ceux qui voient Dieu, nous qui cheminons encore par la foi. Habituons-nous à cette joie puisqu’elle est le lot des élus dans le Ciel. En attendant et pour nous hâter vers cette réalité, nous voici à la messe. Comme jadis le grand prêtre devait traverser le rideau pour entrer dans le Saint des Saints, la partie la plus sacrée du Temple de Jérusalem, le Sanctus semble accompagner l’ouverture du grand rideau qui nous introduit dans le sanctuaire où « le Christ est entré une fois pour toutes […], en répandant […] son propre sang » (He 9, 12). Pensons alors que nous approchons du moment où « il a obtenu [notre] libération définitive » (ibid.).

 

En demandant à l’Esprit Saint de vous renouveler sans cesse intérieurement, je vous bénis.